Adèle, 3 ans et demi, découvre un livre avec sa maman, qui lui raconte l’histoire de la chenille qui avait trop mangé, ou celle des « wa-wa ». Tout cela serait très banal si Adèle ne parcourait pas le livre avec ses doigts plutôt qu’avec ses yeux. Son livre, conçu par l’association Les Doigts Qui Rêvent, utilise différentes matières et textures pour donner aux enfants aveugles ou malvoyants un accès à ces images qui nourrissent et baignent l’imaginaire des enfants voyants.
« Il n’existe rien pour ces enfants ! » : partant de ce constat, l’instituteur Philippe Claudet a commencé par bricoler des livres tactiles pour ses élèves avant de créer une association et maison d’édition dédiée à la création de livres adaptés aux enfants malvoyants, Les Doigts Qui Rêvent, installée près de Dijon.
« Le toucher est le moyen le plus efficace pour faire accéder les déficients visuels aux images, encore faut-il trouver le bon moyen, la bonne technique pour créer ces images tactiles », commente Edouard Gentaz, professeur de psychologie du développement à l’Université de Genève et au CNRS (Laboratoire de psychologie et neurocognition, Grenoble). Le plus souvent, les dispositifs pour aveugles se contentent de mettre en relief le contour de l’image. Mais est-ce efficace pour qu’un enfant sache ce qu’est une banane, ou un lion, et puisse le reconnaître au toucher ? Non, répondent Edouard Gentaz et ses collègues qui ont travaillé avec LDQR pour tester plusieurs images tactiles auprès d’enfants malvoyants. Ils ont testés trois types d’images différentes : contour en relief, thermoformage (toute l’image en relief) et images texturées. Ce qui fonctionne le mieux, ce sont les images texturées, avec des matières. Comme l’expérimente Adèle.
Tous les livres de LDQR sont fabriqués à la main dans un chantier d’insertion de Dijon accueillant des personnes fragilisées.
Photos : © Patrick Gaillardin / LookatSciences
Photos : © Jean-Bernard Nadeau/ LookatSciences