La Mer de Glace est le plus grand glacier français : 11 kilomètres de long et plus de 30 km2 de glace qui s’étendent au-dessus de Chamonix, sur le versant nord du Mont-Blanc. La spectaculaire grotte creusée dans la glace bleue attire 350.000 touristes chaque année. C’est aussi pour ces visiteurs l’occasion de constater très concrètement les effets du réchauffement climatique sur les glaciers alpins.
Après avoir pris le train qui les amène à la gare du Montenvers, à 1900 mètres d’altitude, les visiteurs doivent emprunter une télécabine et encore descendre plus de 400 marches pour atteindre l’entrée de la grotte. Avec le recul du glacier, le nombre de marches n’a cessé d’augmenter. Les panneaux indiquant le niveau du glacier en 1985, en 1990, en 2010, témoignent de ce changement accéléré.
En donnant un coup d’oeil dans le rétroviseur, le constat est vertigineux. Lorsque la gare est construite en 1909 il n’y a que quelques pas à faire pour marcher sur la Mer de Glace. Dans les années 60 une télécabine est nécessaire pour atteindre le glacier. En 1988 c’est un escalier qui est aménagé pour descendre de la télécabine vers le glacier. Et chaque année 20 à 25 marches sont ajoutées pour amener les touristes jusqu’à l’entrée de la grotte des glaces, creusée dans le glacier. En 30 ans, c’est environ 100 mètres qui ont été perdus à cet endroit.
Le front de la Mer de Glace s’amincit au rythme de 4 à 5 mètres par an depuis une quinzaine d’années, ont pu calculer des chercheurs en s’appuyant sur des données satellites. D’après cette étude menée par des équipes du LEGOS (Toulouse) et du LGGE (Grenoble), les glaciers du massif du Mont-Blanc ont perdu environ 10 mètres d’épaisseur entre 2003 et 2012 (Voir aussi les photos des glaciers d’Argentière, des Bossons et du Tour). Et cet amincissement s’accélère depuis les années 80, bien que les précipitations hivernales soient stables depuis 40 ans.
C’est donc bien la fonte pendant l’été qui explique l’essentiel du recul des glaciers, analysent les chercheurs. On observe à la Mer de Glace un effet direct de l’augmentation des températures de 1,5°C mesurée en France depuis les années 1970.
Cécile Dumas
Photos © Patrice Latron / LookatSciences