La domestication du chien a eu lieu au moins deux fois, indépendamment l’une de l’autre : en Europe il y a 15.000 ans et en Asie il y a 12.500 ans, d’après les travaux réalisés par des chercheurs britanniques et français publiés dans la revue Science (juin 2016).
Cette découverte réconcilie les résultats des études génétiques et les travaux des archéologues. « Les études génétiques montrent que les chiens européens actuels sont originaires d’Aise », explique Catherine Hänni, paléo-généticienne à Lyon (PALGENE, CNRS/ENS de Lyon), qui a participé à ces travaux. « Cependant dans des gisements datant du début de la domestication du chien, les archéologues trouvent en Europe des os de chiens ». D’où l’idée d’une domestication en plusieurs points de la planète. Pour cette nouvelle étude, archéologues et paléo-généticiens ont travaillé sur des échantillons d’os fossiles provenant de différents sites archéologiques en Europe et au Moyen-Orient.
L’équipe de Lyon a extrait l’ADN d’ossements fossiles afin de pouvoir l’analyser ce matériau génétique ancien.
« Nous constatons que le chien a bien été domestiqué en Europe il y a 15.000 ans, mais ensuite ce sont les chiens venus de l’Est, de l’Asie, peut-être avec les migrations humaines, qui ont pris le dessus génétiquement » précise Catherine Hänni.
Spécialiste de paléogénétique, le laboratoire PALGENE (CNRS/ENS de Lyon) de Catherine Hänni a mis au point un outil pour détecter des séquences d’ADN trop dégradées pour être étudiées avec les méthodes classiques. L’équipe de PALGENE utilise la spectroscopie Raman : une méthode optique non destructrice consistant à illuminer la matière avec un faisceau laser et à étudier la lumière rediffusée par l’échantillon. Cette lumière rediffusée porte une signature propre à la composition de la matière.
Cécile Dumas
Photos © Vincent Moncorgé / LookatSciences