La définition des perturbateurs endocriniens a suscité un vif débat en Europe. Ces substances, issues des plastiques, des pesticides ou des produits cosmétiques, sont souvent présents à faibles doses autour de nous. C’est pour cela que la start-up française WatchFrog a développé un nouvel outil de détection des perturbateurs endocriniens dans l’eau qui met en évidence leurs effets sur le développement d’un organisme. En l’occurrence, des têtards rendus fluorescents qui fournissent un diagnostic immédiat sur la qualité de l’eau.
Les « sentinelles » de WatchFrog ont été mises au point à partir des travaux fondamentaux menés en amont par le laboratoire de l’endocrinologue Barbara Demeneix, au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris.
Une petite tâche verte fluorescente s’allume dans l’organisme microscopique de l’alevin, larve de poisson médaka. Ce point vert, sous la tête, c’est son foie. L’alevin est équipé d’un gène de fluorescence qui révèle la présence dans l’eau de substances chimiques qui imitent l’action de ses hormones. Ce sont des perturbateurs endocriniens, qui interagissent avec le développement de l’organisme, sa maturation sexuelle, ou son métabolisme. Leur liste est longue, ils sont généralement présents à de faibles doses, et on ne connait pas leurs effets cumulés (effet cocktail). Plutôt que de traquer les substances, WatchFrog fournit un diagnostic sur la qualité physiologique de l’eau. Des analyses en laboratoire ou l’installation de boîtes in situ contenant les têtards fluorescents permettent ainsi d’évaluer l’impact sur la faune d’une eau rejetée dans le milieu naturel après traitement dans une station d’épuration.
Cécile Dumas
Photo © Patrice Latron / LookatSciences