Après dix ans de suivi d’une cohorte de petits lémuriens malgaches, des chercheurs du CNRS et du Muséum national d’histoire naturelle ont constaté qu’un lémurien qui mange moins vieillit moins !
La restriction calorique consiste à réduire la portion alimentaire quotidienne à l’âge adulte tout en maintenant des apports équilibrés. Chez le nématode, la mouche ou la souris, les recherches ont montré que cette diète réduisait les problèmes liés au vieillissement. Pour l’étudier chez un modèle plus proche de l’humain, à la durée de vie plus longue, les chercheurs ont choisi un petit primate, le microcèbe. Ce lémurien de Madagascar vit en moyenne de 7 à 12 ans. Au centre d’écologie générale du Muséum national d’histoire naturelle installé à Brunoy (Essonne), une importante colonie de microcèbes est élevée. C’est là que l’équipe de Fabienne Aujard, du laboratoire Mecadev (mécanismes adaptatifs et évolution – CNRS/MNHN), suit la cohorte Restrikal. C’est là que nous les avons rencontrés et photographiés en avril 2012, alors que l’étude battait son plein.
Les chercheurs ont comparé un groupe contrôle à un groupe dont la ration calorique a été réduite de 30%. Au bout de 10 ans, ces derniers ont gagné 50% d’espérance de vie et battent des records de longévité, puisqu’un tiers des microcèbes à la diète a vécu plus longtemps que le plus vieil individu du groupe contrôle, mort à 11,3 ans.
Second résultat important : ce vieillissement se fait en bonne santé, bon pied bon œil et avec moins de maladies comme le cancer ou le diabète. Bref, le microcèbe en restriction calorique garde plus longtemps l’aspect d’un animal plus jeune.
Ces résultats sont importants pour conforter les effets bénéfiques de la diète sur le vieillissement chez les primates. L’étude a été publiée le 5 avril 2018 dans Communications Biology.
Photos : © Dung Vo Trung / LookatSciences