Sa forme de navire de guerre lui vaut le surnom de Gunkanjima, « l’île-cuirassé ». Entourée de murs de béton, hérissée d’immeubles abandonnés, l’île de Hashima, au large de Nagasaki, au Japon, fut l’un des sites les plus densément peuplés au monde avant d’être abandonné par ses habitants, en 1974.
A l’époque des navires à vapeur, à la fin du 19ème siècle, la société Mitsubishi acquiert Hashima pour y extraire le charbon, à 1 km sous terre. Des hommes s’installent pour la première fois sur cette petite île. La population augmente et Mitsubishi construit les premiers immeubles en béton en 1916 pour loger les mineurs et leurs familles. Des travaux permettent d’agrandir l’île, qui mesure au final 6,3 ha.
Jusque dans les années 60 le nombre d’habitants continue à croître pour atteindre le chiffre de 5 260 personnes, soit 83 000 habitants au km2. Un record mondial. Ecoles, hôpital, bars, cinéma avaient ouvert sur l’île. Cependant le boom pétrolier finit par avoir raison du charbon et en 1974 Mitsubishi ferme la mine. Les derniers habitants quittent le « cuirassé » quelques mois plus tard.
Interdite au public pendant des années à cause de la dangerosité des bâtiments en ruines, Hashima a été rénovée et réouverte aux touristes en 2009. Elle a été inscrite sur la liste du patrimoine de l’humanité de l’Unesco en tant que site emblématique de la révolution industrielle de l’ère Meiji au Japon.
Cette île bétonnée et désertée est également un lieu de mémoire douloureux pour certains voisins du Japon, Chinois et Coréens, car pendant la seconde guerre mondiale des travailleurs forcés y ont été retenus prisonniers pour remplacer les Japonais partis à la guerre.
Photos : Thierry Berrod / LookatSciences