El Hierro, la plus petite île des Canaries, est en passe de devenir la première île au monde totalement autonome en eau et en électricité grâce aux énergies renouvelables, en particulier grâce à sa centrale hydro-éolienne.
Cinq éoliennes se dressent sur la crête d’une montagne tout près de Valverde, la ville principale d’El Hierro. Grâce aux alizés qui frappent les côtes en continu, elles produisent assez d’électricité pour assurer la consommation des habitants et faire tourner les trois usines de désalinisation de l’île. Mais l’innovation majeure d’El Hierro, c’est l’association de ces éoliennes et d’une centrale hydroélectrique atypique : la STEP, pour Station de Transfert d’Energie par Pompage.
Le surplus d’énergie éolienne est utilisé pour pomper de l’eau depuis un lac inférieur jusqu’à un lac supérieur, aménagé à 700 mètres d’altitude dans le cratère d’un volcan éteint. Quand le vent faiblit, l’eau dévale la pente. Arrivée en bas, elle actionne, comme dans un barrage, les turbines d’une centrale hydroélectrique productrice d’énergie.
Grâce à cette nouvelle centrale « verte », El Hierro va tous les ans éviter l’émission de 18 700 tonnes de CO2, le principal gaz à effet de serre : l’équivalent du CO2 stocké par une forêt grande comme 20.000 terrains de football !
El Hierro a refusé le développement d’un tourisme de masse et a choisi de préserver ses écosystèmes. Elle a été reconnue comme réserve de biosphère par l’UNESCO.
Ce lien précieux avec leur environnement perdure encore aujourd’hui. Dans les années 70, El Hierro a refusé le développement d’un tourisme de masse au contraire de ses voisines de l’archipel des Canaries. Dans les années 90, il a fallu se battre contre le projet d’implantation… d’un site de lancement de fusées ! L’île a choisi de préserver ses écosystèmes d’exception. Ses efforts ont été récompensés : en 2001, elle a été reconnue comme réserve de biosphère par l’UNESCO. Et l’île ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là : après les énergies renouvelables, elle a lancé un programme de développement de l’agriculture biologique, espérant convertir l’île au 100 % bio d’ici quelques années.
Reportage et photos © Alice Bomboy / LookatSciences