Cultiver in vitro des spermatozoïdes humains à partir des cellules souches prélevées chez des hommes pour traiter leur infertilité : c’est l’objectif de la start-up française Kallistem, basée à Lyon, qui a réalisé cette première mondiale en 2015 en laboratoire. Et qui espère bien pouvoir l’appliquer en clinique dans les années qui viennent.
Basés sur les travaux de deux chercheurs, Philippe Durand (Inra, Inserm, Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon) et Marie-Hélène Perrard (CNRS), le procédé de Kallistem repose sur deux technologies de culture cellulaire, protégées par des brevets, qui permettent de reproduire in vitro la spermatogenèse.
Les spermatozoïdes se forment en 72 jours dans les testicules à partir des cellules germinales primordiales, les spermatogonies. La maturation s’effectue dans les tubes séminifères, environnement que Kallistem a recréé en laboratoire avec un système de culture cellulaire en 3D.
Les chercheurs ont dû surmonter un obstacle majeur : il fallait recréer un milieu de culture capable d’assurer le développement cellulaire pendant 72 jours, durée de la spermatogenèse. Un défi relevé grâce à la mise au point d’un bioréacteur utilisant une substance naturelle, la chitosane.
A terme, la culture de spermatozoïdes pourrait s’effectuer à partir d’une biopsie testiculaire chez un homme infertile et permettre une fécondation in vitro grâce à la technique de micro-injection d’un ovocyte, ICSI. Avant d’être proposée dans les centres d’AMP (aide médicale à la procréation), la technique doit encore être testée en laboratoire puis chez l’humain au cours d’essais cliniques.
Cécile Dumas
Photos : © Vincent Moncorgé / LookatSciences