Comment la forêt méditerranéenne va-t-elle réagir à l’augmentation des périodes de sécheresse annoncée par les climatologues pour cette région du globe ? Dans un observatoire grandeur nature, les recherches montrent déjà un impact sur cet environnement fragile.
Le bassin méditerranéen est un « hotspot » du réchauffement climatique : il s’agit de l’une des régions du monde où l’on attend un impact des changements climatiques plus important que pour la moyenne du globe.
Les écosystèmes y subissent déjà d’importantes périodes de sécheresse et des événements violents comme des crues éclair. Or les modèles climatiques prédisent plus de sécheresse et d’événements extrêmes dans cette région d’ici 2100. Comment la forêt va-t-elle s’adapter à cela, en particulier le chêne blanc, ou chêne truffier, essence emblématique et dominante des forêts de la région ?
C’est pour répondre à cette question que Thierry Gauquelin et ses collègues de l’Institut Méditerranéen d’Ecologie et de Paléoécologie (IMEP) ont créé un observatoire écologique, l’O3HP, au sein de l’Observatoire d’astronomie de Haute-Provence. Ils ont mis à profit l’existence d’une chênaie ancienne qui n’a pas été exploitée depuis 60 ans. Grâce à un immense volet, comme un toit amovible qui bloque la pluie, ils soumettent une partie de la chênaie aux conditions attendues pour 2100, avec une période sèche de trois mois au lieu d’un, et surveillent la croissance des arbres depuis la passerelle installée dans le houppier des arbres.
Ils étudient aussi la litière, élément clef de la santé de l’écosystème où se recycle la matière organique. Les chercheurs ont déjà pu constater que sur la parcelle qui reçoit moins d’eau, la décomposition est plus lente, et que seule la diversité des espèces présentes peut contrebalancer ce phénomène.
Cette recherche est un travail de longue haleine : le temps de l’arbre est très long et c’est sur 30 ou 40 ans que parleront les données.
Cécile Dumas
Photos : © Dung Vo Trung / LookatSciences