C’est un contemporain des derniers Néandertaliens que des chercheurs français ont observé dans leur laboratoire. Décongelé du permafrost, après 30.000 ans passés dans le sol gelé de la Chukotka, dans l’extrême Nord-est de la Sibérie, Pithovirus est un nouveau type de virus géant.
Chantal Abergel, Jean-Michel Claverie et leurs collègues du laboratoire Information génomique et structurale (Aix-Marseille Université, CNRS) ont d’abord pensé qu’il s’agissait d’un cousin des Pandoravirus qu’ils ont découverts l’année dernière. Les deux possèdent la même forme allongée, en amphore. Cependant l’analyse du génome du nouveau virus géant a révélé qu’il possédait beaucoup moins de gènes que les Pandoravirus (environ 500 contre 2.500) et qu’il n’avait presque rien en commun avec eux.
Pithovirus sibericum, c’est son nom de baptême officiel, est donc bien le représentant d’une nouvelle famille de virus géants. Elle s’ajoute à celles des Megaviridae, famille du premier virus géant découvert en 2003, le Mimivirus, et à celle des Pandoravirus.
Les virus géants bouleversent les connaissances sur cette partie du vivant. Avec plusieurs centaines ou plusieurs milliers de gènes, la taille de leur génome rivalise avec celle des génomes des bactéries, alors que des virus comme celui de la grippe ou du SIDA ne possèdent qu’une dizaine de gènes.
Ces travaux sont menés à Marseille en partenariat avec des équipes du laboratoire Biologie à grande échelle de Grenoble (CEA/Inserm/Université Joseph Fourier), du Génoscope à Evry (CEA/CNRS) et de l’Académie des Sciences de Russie, qui a fourni les échantillons de permafrost.
Cécile Dumas
Photos © Gabrielle Voinot / LookatSciences