Stocker du CO2 dans les sols agricoles tout en améliorant leur qualité : c’est l’un des atouts de l’agroforesterie.
Dans des parcelles plantées de céréales, un trio d’agronomes équipé de bottes, de coupe-vents et de tarières – ce drôle d’outil aux allures de tire-bouchon-, prélève des carottes dans le sol meuble d’une exploitation d’Ile-de France, la Bergerie de Villarceaux (95). D’un côté une parcelle « classique », de l’autre une parcelle agroforestière, plantée de jeunes arbres, les deux en agriculture biologique. En comparant la composition de leur sol, les chercheurs vont déterminer la meilleure façon de stocker la matière organique dans les sols – autrement dit de faire des terres agricoles d’efficaces puits de carbone. C’est l’enjeu de l’étude AgripSol (AGroforesteRIe pour la Protection des SOLs). D’ores et déjà, les parcelles agroforestières ont une longueur d’avance.
Les pratiques agricoles intensives ont tendance à réduire la quantité de matière organique dans le sol et à transformer les champs en émetteurs de CO2. Dans le même temps, les sols s’appauvrissent et la production alimentaire mondiale est menacée. « Avec cet objectif de remonter le stock de carbone dans les sols et de voir quelles pratiques agricoles peuvent y contribuer, on joue à la fois sur la fertilité des sols et le cycle du carbone », précise Tiphaine Chevallier, du laboratoire Eco&Sols de Montpellier (IRD). De quoi concilier deux enjeux majeurs : amélioration du bilan carbone et sécurité alimentaire.
Entamée dans la parcelle expérimentale agroforestière de Restinclières (Inra), dans l’Hérault, l’étude AgripSol s’est déployé dans un réseau d’exploitations agricoles. Cependant, les chercheurs ont déjà pu constater à Restinclières que la parcelle agroforestière stockait plus de carbone, en grande partie grâce aux herbes qui poussent au pied des arbres et qui restent sur le sol une fois mortes.
Cécile Dumas
Photos © Patrice Latron / LookatSciences