Verser l’argile en poudre dans un récipient, ajouter de l’eau, mélanger jusqu’à obtenir une pâte visqueuse, puis élastique ; malaxer les pâtes ainsi obtenues avant de les étaler au rouleau; étaler la glaçure avant de faire cuire au four… Tous ces gestes sont plus habituels dans l’atelier d’un céramiste que sur les paillasses d’un laboratoire de l’Ecole de chimie à Paris. C’est pourtant là qu’une équipe de chercheurs, géologues ou chimistes, tentent de reproduire les techniques mises au point il y a plus de 450 ans par Bernard Palissy.
Recréation de terres mêlées à ChimieParisTech.
© Patrice Latron / Lookatsciences
Ce céramiste de la Renaissance, protégé de Catherine de Médicis et d’Anne de Montmorency, mort à la Bastille pour n’avoir jamais abjuré sa foi protestante, était aussi un expérimentateur acharné. Célèbre pour ses lézards ou ses grenouilles pris sur le vif, Palissy a toujours innové pour obtenir la plus belle imitation possible du vivant.
Il a laissé peu d’explications sur ses travaux, mais les fouilles archéologiques ont dévoilé des milliers de fragments dans ses anciens ateliers, conservés au Musée de la Renaissance d’Ecouen.
Des chercheurs du C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France) et de l’Ecole de Chimie Paris Tech se sont lancés dans une vaste enquête scientifique, passant par la recréation de ses techniques, pour percer le mystère du plus célèbre céramiste français.
Analyse d’un fragment de terres mêlées de Palissy avec l’accélérateur Aglae au C2rmf.
© Dung Vo Trung / Lookatsciences
Cécile Dumas
Photos : © Patrice Latron / Lookatsciences et © Dung Vo Trung / Lookatsciences